Histoires locales de 1648 à 1741
les souffrances du Vermandois
sous le règne de Louis XIV ,
par faits de guerre et de religion !



1648-1649

le pays a été ruiné au mois de juin 1648, par les habitants de la frontière réfugiés à Thenelles, pendant que l'ennemi campait de Bohain à Fonsommes, et lors du passzge de celui-ci, allant et revenant du pillage de Crécy que l'armée ennemie sous la conduite de l'archiduc, du comte de Fuentès,dès la fin de février et commencement de mars, s'est présentée sur la frontière, et le 14 mars 1649, entrée en France, a occupé le passage de Vadencourt, où était le quartier de l'archiduc, s'est emparée de Ribemont le même jour et de Crécy-sur-Serre le lendemain, où le comte de Fuentès, et après lui le prince de Lipsis, ont campé jusqu'au 6 avril, pendant lequel temps ils ont été maîtres de la campagne de Vadencourt à La Fère, logeant leurs troupes dans les villages voisins de la Serre et de l'Oise, foullageant partout et empêchant la culture des terres; que peu de temps après, cette armée s'est retirée sur le bruit de l'arrivée d'un corps d'armée conduit par le général Erlack; que celui-ci, vivant avec une licence inouïe, a forcé les habitants des petites villes et des campagnes d'abandonner leurs maisons avec une crainte semblable à celle qu'ils avaient des ennemis en 1636, à cause des violences surpassant les actes d'hostilité exercés lors de la dite année par les ennemis que pendant le séjour d'Erlack, Ribemont, Origny-sainte-Benoît et Macquigny, Lucy, Sery· les-Mézières, Brissy et Hamégicourt >ont considérablement souffert; que plusieurs villages ont été brûlés, « les blecz et les prez mangez et aussi infinis autres désordres commis; et qu'après le décampement de ladite armée s'estant allé camper vers Péronne et le Cateau-Cambrésis, les courses fréquentes d'icelles et le passage des autres troupes qui venaient de la Champagne pour se joindre ont empêché que les villages ne se repeuplent, estant demeurés déserts et la campagne abandonnée jusqu'au commencement d'août 1649, aucun laboureur n'ayant osé cultiver la terre, leurs personnes, chevaux et bestiaux étant pris à tous moments .

1653-1658. -

Plumitif des audiences. - Acte de notoriété constatant que le village de Parpeville et l'abbaye de Saint-Nicolas-des-Près de Ribemont ont beaucoup souffert, en i6nO, par le campement commandé pendant un mois à Ribemont par le maréchal Du Plessis. Il ne restoit aulcune chose d'entière que les murailles,comble , et couverture de l'église. - Tous les bâtiments et maisons de Sery ont été décomblés. - Parpes a été pillé deux fois par les ennemis et a considérablement souffert du campement du corps commandé par d'Erlack. - Les incursions continuelles des armées françaises et ennemies empêchent l'exercice de la justice. Les villages sont inhabités. Les officiers du Roi et des échevins ont été blessés et dépouillés. - La disette et le mauvais air occasionnés par la présence des armées, ont fait périr les deux tiers des habitants de Ribemont; cette ville a été brûlée en partie par les troupes ennemies commandée par le prince de Condé. Elle a été réduite de 500 feux à 80 ménages, dont la plus grande partie était au pain de son, orge et avoine surchargée de contributions. - Installation de Jean Héduin en qualité de lieutenant particulier assesseur au bailliage de Ribemont.


1751

- Procédures civiles. - Lettres autographes de Govin, curé dè Chigny, se plaignant que Jean Servoisier, de la Religion Réformée, s'était permis de faire inhumer en terre profane Suzanl1e Servoisier, sa sœur, et Jacques Servoisier,son oncle, sans avis de justice et dudit curé , qui réclamait du dit Servoisier le paiement d'honoraires pour l'enterrement et services funèbres. ( C'est l'usage dans le pays que je m'offre à prouver aux dépens de qui il appartiendra, que les Huguenots ) payent les honoraires de l'enterrement et services de défunts leurs parens quoiqu'ils les enterrent eux- mêmes en terre profane. Tous lesdits droits et honoraires des Huguenots morts à Crupilly jusqu'à ladite Suzanne, ont été payés et à mes prédécesseurs et à moy même aussi bien qu'au clerc; pourquoi celle-cy seroit -elle exempte ? A Proisy, à Faty, à Sains et à Leschelle • et à tous les villages voisins où il se trouve de cette maudite semence, les curés et clers reçoivent ce que je demande, scavoir : six francs pour moy et un écu pour mon clerc, ou la taxe de M. le lieutenant. Cette affaire est de conséquence pour moy. Actuellement un nommé Jacques Servoisier, oncle de Jean Servoisier que j'ay fait assigner, est à l'extrémité, et sans doute qu'ils vont encore l'inhumer sans aucune soumission et sans aucune rétribution au curé et au clerc ..... Ledit Servoisier est malgré cela retombé dans la même faute, puisque le douze du mois d'octobre dernier, il a , inhumé dans son jardin, à quatre heures après-midi, , Jacques Servoisier, son oncle, dont il est héritier ...... , et lorsque pour l'éprouver je lui fis demander par mon maître d'école ses bonoraires et les miens, il répondit que lorsque j'aurois travaillé il me payeroit. ,